29 janvier 2007

Pourquoi tu pleures ?

Les sentiments que nous éprouvons (tristesse, peur, déprime, lassitude, admiration, enthousiasme, honte, plaisir etc...) n'ont parfois rien à voir avec NOUS MÊME mais sont complètement importés.

Nombre des émotions que nous ressentons ne sont que des sentiments imposés par d'autres personnes ou encore par le conformisme ambiant, la mode ou le politiquement correct.

Il est ainsi quasiment obligatoire de faire une déprime quand on perd son emploi, de se réjouir de l'approche du week-end, d'être triste le lundi ("ça va comme un lundi "...), d'aimer la musique brésilienne, de trouver tel grand crû savoureux, de s'attrister de la perte d'un proche ou du divorce de ses parents, de se passionner pour la coupe du monde de foot etc...


Les enfants, en particulier, sont de véritables "éponges à émotions". Ils épient sans arrêt les adultes, pour savoir quelle émotion accoler à tel ou tel évènement.

Par exemple; si un enfant tombe par terre et que vous le regardez en prenant un air triste, l'enfant se mettra à pleurer et pleurera à chaque fois qu'il tombera désormais. Si vous le regardez en souriant, la prochaine fois qu'il tombera, il s'en foutra.

Source : TISSERON, S. Vérités et mensonges de nos émotions.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello,

Il est possible de prendre le dernier raisonnement à rebrousse-poil si je puis dire.

Ainsi si un enfant épie les réactions de ses parents c'est aussi pour savoir comment exprimer son émotion ou son ressenti (de même qu'il a besoin d'écouter pour parler: la mimique est un langage au même titre que les mots) c'est à dire que le ressenti préexiste à son expression et ce n'est pas parce qu'il ne l'exprime pas qu'il n'existe pas. D'ailleurs, sans le feed-back de ses parents ("tu as mal", "tu as faim" ...) l'enfant serait incapable de se construire, de comprendre ses sensations corporelles et les signaux de dangers qu'elles sont souvent. Par ailleurs ce n'est pas parce que l'expression d'un ressenti est stéréotypé que le ressenti, lui, l'est (pour choisir un exemple simpliste, ce que je désigne par "chagrin" n'est peut-être pas la même chose pour vous que pour moi).

La "normalité" s'éclaire souvent en portant un regard sur la pathologie. il existe une maladie où le sujet est incapable de prendre conscience qu'autrui est une personne dotée d'un esprit comme lui et qu'il est à ce titre capable de comprendre ce que le sujet ressent et de lui venir en aide. Cela s'appelle l'autisme. Un enfant autiste peut tomber plusieurs fois dans la cour, se blesser même, sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche, et ce sans aucun déficit sensoriel. En effet, à quoi bon pleurer ou crier si je suis seul sur terre, que personne ne pourra imaginer ce que je ressent, et qu'on ne m'aidera pas ? Les autistes capables de s'exprimer seront eux capable de dire "j'ai mal" ou "je suis triste" avec la voix et l'expression la plus neutre qui soit, ce qui donnera l'impression à l'interlocuteur dans l'ignorance du trouble l'impression au mieux d'avoir affaire à un insensible, au pire qu'on se moque de lui. Mais ce n'est pas parce que l'expression est absente ou atypique que le ressenti est absent.

Pour résumer, si l'expression des sentiments et des ressentis, les goûts, les rythmes de vie sont soumis au conformisme de la vie sociale et culturel, les ressentis eux-même ne sont-t-ils pas plus personnels ?

A mon avis il y a inter-influence du corps et de la culture car si tout le monde ressent une douleur suite à un coup (pour prendre un exemple concret) nous ne recevons pas tous la même éducation face à elle: certains parents se focaliserons sur l'expression de la douleur par leur enfant et d'autres préfèreront leur apprendre à faire avec. Du coup plus on aura possibilité d'exprimer une douleur physique plus celle-ci pourra sembler forte et invalidante au sujet. Je crois savoir que les émotions, au niveau du cerveau, se retrouvent sous deux formes : la zone liée au "support biologique" et celle liée à l'affect.

Une remarque en passant: cet article mélange les goûts, les rythmes de vie, la culture, les émotions, les sentiments, les ressentis : ce n'est pas très précis tout ça, ce n'est tout de même pas la même chose.

Fanny B

Petit futé a dit…

je ne parle pas des cas où l'enfant ressent VRAIMENT quelque chose (dans ce cas il FAUT qu'il s'exprime et il faut l'écouter). Mais il y a des tas de situations où l'enfant ne ressent rien. Pour se donner de la contenance, pour se rendre intéressant, il invente ou copie les émotions ressenties par quelqu'un d'autre. Alors, il ne faut pas l'encourager. Il risquerait de devenir "m'as tu vu", maniéré, snob etc...

Anonyme a dit…

Il est parfois difficile d'exprimer des émotions atypiques. On risque de passer pour un type asocial, bizarre, idiot etc...

C'est pourquoi beaucoup préfèrent "faire semblant" d'aimer ou de détester certaines choses.