02 janvier 2007

La 4e dimension

Avez vous déjà observé le comportement des conducteurs dans un embouteillage ? Ce ne sont que cris, insultes, coups de klaxon, tout ça pour une attente dépassant rarement un quart d'heure.

Avez vous déjà remarqué les voyageurs se penchant anxieusement sur les voies du métro pour guetter le prochain train ?

Avez vous déjà remarqué les panneaux lumineux qui coûtent une fortune, tout ça pour indiquer avec une précision scientifique le temps d'attente du bus, alors que celui-ci dépasse rarement quelques minutes ?

Avez vous entendu les annonces sonores dans le RER pour rassurer les voyageurs, dès qu'un train s'immobilise , même quelques secondes ?


Tout cela est parfaitement expliqué par le philosophe Bergson.

La science moderne est d'une efficacité redoutable et permet de rendre intelligible l'ensemble de l'univers.

Mais elle raisonne sur de la matière figée, inerte.


Le temps n'est pas perçu comme ce qu'il est, c'est à dire un flux continu, mais comme une succession de moments figés.

A la manière du cinéma, la science moderne, découpe la réalité mouvante en une série de clichés fixes.

Elle est incapable de concevoir la notion de durée, changement continuel, réalité évoluant sans cesse, phénomène continu et non discret.

Si elle ne conçoit même pas la durée, elle ne peut encore moins la contrôler !

Or l'esprit de l'homme moderne est pétri par la méthode scientifique.
Tout lui est intelligible, sauf la DUREE, qu'il ne peut ni contrôler, ni concevoir.

Une attente imprévue oblige l'homme moderne à toucher du doigt la réalité de cette durée. Il panique alors, s'agace devant cette notion parfaitement inconcevable pour son esprit scientifique censé TOUT comprendre !

Source : Bergson, L'évolution créatrice

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